1. Introduction. On dit qu’un ensemble divise un ensemble connexe , quand l’ensemble n’est pas connexe (Un ensemble est dit connexe (au sens de Lennes–Hausdorff), lorsque les formules , entraînent , le symbole désignant d’une façon générale la somme de l’ensemble et de celui de ses points-limites.).
Les problèmes concernant la division des continus par leurs sous-continus ne sont résolus jusqu’à présent qu’en partie. On sait qu’il existe des continus qu’aucuu sous-continu ne divise: tels sont, par exemple, les courbes simples fermées et les continus indécomposables. On peut montrer également que
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Soient, en effet, un sous-continu divisant un continu jordanien et une composante (= „Komponente” au sens de Hausdorff, c’est-à-dire, tout sous-ensemble connexe qui ne peut être augmenté sans cesser d’être sous-ensemble connexe.) arbitraire de . Par conséquent, ne divise pas . Or, est un continu, car étant un ensemble ouvert dans (C. Kuratowski, Une définition topologique de la ligne de Jordan, Fund. Math. I, p. 43, th. (6).), l’ensemble est fermé; d’autre part il est connexe en vertu d’un théorème général (B. Knaster et C. Kuratowski, Sur les ensembles connexes, Fund. Math. II, p. 214, th. X.).
Le problème s’impose donc s’il en est de-même de tous les continus, quels qu’ils soient (Ce problème fut posé par M. Zarankiewicz et moi en 1926, Fund. Math. VIII, p. 376, probl. 42.). Je vais donner ici la solution négative de ce problème, en définissant (dans l’espace euclidien à 3 dimensions) un continu borné et démontrant la propriété (P) suivante de ce continu:
(P) |
Bien entendu, un tel continu est en raison de (1) nonjordanien.
2. Figures auxiliaires. Soient: un segment rectiligne à extrémités et , son point médian, un triangle isocèle à sommet situé dans un plan perpendiculaire à , la hauteur de , la somme de deux pyramides ayant pour base commune et pour sommets respectivement les extrémités de . Soit enfin le polyèdre symétrique à selon comme axe de symétrie.
J’appelle étui de l’ensemble
Cet ensemble est la première approximation du continu à construire. Quel que soit , convenons une fois pour toutes de prendre , de façon à avoir
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Soient le rhombe formant l’intersection de avec le plan qui passe par et où le rhombe contenu dans , concentrique avec lui et ayant les cotés parallèles aux siens, mais fois plus courts. Considérons l’infinité dénombrable de segments définis comme parties communes des avec les rayons infinis (demi-droites) situés sur , issus de et faisant avec le rayon les angles:
où
Rangeons tous ces segments en suite infinie
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où et en désignent respectivement les plus grands, à savoir les deux moitiés de à extrémités libres et et posons:
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J’appelle étoile de centre le continu ainsi défini.
Si l’on ordonne tous les segments selon leurs angles décroissants avec , ils forment un type d’ordre dense; cependant, ceux d’entre eux qui sont déterminés par un donné constituent une suite transfinie du type . Comme le point divise , on en déduit facilement que
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En désignant respectivement par , et les extrémités et le point médian de , on a donc d’après (5):
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L’autre propriété essentielle de l’étoile est sa situation dans qui permet, comme on peut le vérifier géométriquement, d’entourer chacun de ses segments d’un étui , analogue à , de manière que les conditions suivantes soient remplies:
Il suffit à ce but de former d’abord les étuis et , conformes à (2) où , et , pour pouvoir ensuite entourer d’accord avec (7) tous les autres segments des étuis à décroissant assez rapidement pour que les conditions (8) et (9) soient aussi réalisées. Contrairement aux deux premiers étuis, les autres se trouveront nécessairement situés en entier soit dans , soit dans .
étant un continu, l’ensemble l’est également en vertu de (9). Il formera la seconde approximation du continu .
3. Définition de l’exemple A. Etant donnés d’une façon générale une figure quelconque formée de segments rectilignes ayant deux à deux tout au plus une extrémité commune, la somme de leurs étuis assujettis aux conditions (7)–(9) et la somme des étoiles construites dans sur les segments de , soient:
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Il résulte par induction des définitions des fonctions et que de tels et existent pour tout , que la suite est décroissante, la suite croissante et que l’on a . Posons:
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où, ce qui revient au même en vertu de (2), (7) et (9),
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4. Propriétés de l’exemple A. Ainsi défini, est donc un continu. Considérons un segment arbitraire de où et désignons
En vertu de (8),
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(c’est-à-dire que ces points appartiennent à deux composantes différentes de .)
Je vais en déduire que
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Soit, en effet, l’ensemble des centres des étoiles de . Il s’agit de montrer que .
étant dénombrable, considérons deux points et de . Le diamètre maximal des segments de et par conséquent celui de leurs étuis tendant d’après (2) à avec croissant, il existe un tel que
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Comme par définition de on a pour tout : ( est même homéomorphe, sinon semblable, à tout sommande de cette somme) et , il existe un et un , tels que . , d’où en vertu de (15): . Les deux dernières inclusions impliquent selon (13) que , qui est distinct de et , divise entre ces points; il appartient donc nécessairement au continu qui les unit.
La propriété (14) étant ainsi démontrée, on en conclut immédiatement que l’ensemble
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est dense dans . En formule:
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Ceci établi, je passe à la démonstration de la propriété (P) de l’exemple . Supposons donc à présent qu’un sous-continu ne divise pas . Il s’agit de prouver que l’on aura alors , ce qui se réduit en vertu de (17) à montrer que
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Or
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En effet, le point et, à plus forte raison, son sur-ensemble divise d’après (13) entre tous deux points de situés sur des segments différents de l’étoile . Il existe donc tout au plus un seul , tel que . On a par conséquent , d’où . Il en résulte d’une part que pour tout et d’autre part, en vertu de la propriété (6) de la fonction , que .. La démonstration de (19) s’achève par l’addition des deux dernières inclusions.
En appliquant (19) par induction aux points et ainsi de suite, on en déduit que . Comme est d’après (14) dense dans tout sous-continu de , donc en particulier dans , on a , et comme on conclut que
(20) |
En appliquant (20) de proche en proche, on arrive à l’inclusion , d’où on conclut, en appliquant (19) par induction suivant la formule (16), que , c. q. f. d.
Il est à remarquer que la question si un continu à propriété (P) existe sur le plan reste ouverte.